Benoît Coquart
Directeur général
GROUPE LEGRAND
Mardi 24 juin 2020
Transition énergétique, et reprise post crise des chantiers
Compte-rendu
Le 24 juin 2020, Benoît Coquart, directeur général du Groupe Legrand, était l’invité du E-Club les Echos Débats et de Wavestone pour échanger sur le thème « Transition énergétique, et reprise post crise des chantiers ». L’occasion pour lui de présenter la stratégie du groupe pour faire face à la crise sanitaire et économique et de partager sa vision de l’avenir du marché, au regard de la transition énergétique.

Benoît Coquart a intégré Legrand dès le début de sa carrière en 1997. Après avoir évolué au sein du groupe à plusieurs fonctions - M&A, communication externe, relations investisseurs – il est nommé Directeur Général en 2018.

Un groupe centenaire qui ne cesse de se renouveler

Fondé en 1865 à Limoges, Legrand est un des leaders mondiaux des produits et systèmes pour installations électriques et réseaux d’information. Une des ambitions du groupe est de se placer au cœur de la transition écologique, en particulier en se focalisant sur la sobriété énergétique des bâtiments. L’objectif est de favoriser une meilleure le pilotage actif du bâtiment et de promouvoir des innovations technologiques qui permettent une meilleure gestion de l’énergie par le particulier ou le professionnel. En effet, Legrand focalise de plus en plus sa R&D et ses partenariats autour de la meilleure gestion des ressources et de l’optimisation de l’usage des infrastructures électriques et numériques.

Le groupe Legrand évolue sur un marché fragmenté sur lequel la moitié de l’activité est réalisée par de petites et moyennes entreprises. Afin de continuer à conforter sa position de leader globalisé, le groupe combine 2 stratégies de croissance :
  • Une croissance organique à travers une politique d’innovation soutenue
  • Une croissance externe à travers l’acquisition d’entreprises de petites et moyennes tailles dont les technologies ou position de premier plan sur les marchés locaux rendent compatibles leurs ambitions avec celles du groupe.

La combinaison de ces mouvements permet aujourd’hui au groupe Legrand d’être présent sur les 5 continents et de réaliser plus de 85% de son chiffre d’affaires à l’international. En outre, en privilégiant la présence industrielle locale – près de 130 usines dans le monde – le groupe sait produire de manière spécialisée des produits au plus proche des besoins des marchés locaux sur lesquels le groupe est implanté.

Legrand doit également son succès à son organisation managériale, qui consiste à avoir une responsabilité décentralisée au sein du groupe afin de permettre des prises de décisions plus rapides, et une dynamique commerciale qui soit au plus proche des marchés locaux.

Comment préparer la sortie de crise ?

Le monde traverse une crise sanitaire et économique sans précédent, dont personne ne connait réellement l’issue. Face à l’urgence, les entreprises partout dans le monde ont dû prendre des mesures exceptionnelles pour protéger, en premier lieu, la santé de leurs collaborateurs, mais aussi assurer la continuité de service aux clients.

Du fait de sa présence internationale, Legrand a été touché par la crise en plusieurs vagues et à des niveaux différents causant une forte baisse de son chiffre d’affaires mondial. Cependant, cette présence globalisée, notamment dans des pays comme la Chine et l’Italie, a permis au groupe d’anticiper les réponses à la crise et de définir des objectifs à court et moyen terme et ainsi de mieux gérer la situation.

Pendant la période de crise sanitaire, la priorité du groupe était de garantir la sécurité de ses collaborateurs. Des mesures comme le télétravail, la fermeture des sites et l’inspection préalable à la reprise des sites ont été mises en place. Le groupe a également veillé à l’accompagnement de ses clients en période de confinement en gardant par exemple la quasi-totalité de ses centres logistiques - préalablement sécurisés - ouverts. Aujourd’hui, les situations demeurent hétérogènes, avec une attention particulière pour le continent américain.

Pour sortir de cette crise, Benoît Coquart insiste sur le fait qu’à défaut de pouvoir se projeter loin pour imaginer la remise en marche pleine et entière de l’économie, il faut s’appuyer sur les facteurs clés de succès de l’entreprise, « il faut prendre garde de conserver les atouts qui font la qualité d’une entreprise ». Pour Legrand, cela signifie deux choses :
  • Conserver une culture d’entreprise entrepreneuriale et basée sur l’émulation d’idées qui répond aux des besoins régionaux
  • Distinguer les produits qui sauront se montrer nécessaires et pleinement au cœur des enjeux du futur que sont la transition numérique, au service de la transition énergétique.

Vers une sobriété énergétique nécessaire, par des technologies et des usages nouveaux

C’est grâce à des produits d’avenir, qui touchent aux nouvelles technologies et à la transition énergétique, que l’entreprise base sa stabilité et sa croissance économique dans les prochaines années. Selon Benoît Coquart, une bonne relance est une relance « qui prend en compte la connectivité et l’efficacité énergétique ».

En effet, en investissant dans des technologies émergentes, et pour un avenir qui soit vivable et durable pour l’humain comme son environnement, Legrand a décidé de focaliser ses efforts sur des technologies au service d’une transition forte. Ayant au cœur de son métier le secteur du bâtiment, responsable à lui seul de 35% des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES), le groupe souhaite se positionner en acteur phare de la transformation à mener sur son marché.

Cette transformation prendra des formes différentes. D’une part, via la sensibilisation de leurs clients aux enjeux de l’efficacité énergétique – réduction des GES et économie financière. Pour reprendre les mots de Benoît Coquart, « la meilleure énergie, c’est celle qui n’est pas consommée ». La meilleure énergie, c’est aussi celle qui est distribuée au sein du domicile, de manière optimale et flexible, et selon des besoins calculés. En investissant dans le secteur du bâtiment sobre en énergie, mais aussi dans la domotique, le groupe souhaite commercialiser au grand public comme aux professionnels une nouvelle manière de gérer leur consommation. Ces solutions numériques et énergétiques contribuent fortement au chiffre d’affaires du groupe, avec notamment le programme Eliot, lancé en 2015, qui a pour vocation d’impulser le développement des objets connectés. Aujourd’hui, cette gamme de produits et services représente déjà 12% du chiffre d’affaires total de l’entreprise, dont 60% de ce chiffre d’affaires dans le non résidentiel.

Les nouveaux entrants sur le marché de la domotique, proposant des technologies innovantes, créent non pas une disruption, mais une traction de tout le marché vers le haut, par exemple la start-up Nest et leurs thermostats intelligents, rachetées par Google il y a quelques années. De plus, pour Benoît Coquart, les GAFA ne sont pas des concurrents de Legrand, mais plutôt des acteurs du marché qui vont prendre un rôle dans l’écosystème de la maison connectée.

D’autre part, la transformation se fait par un positionnement proactif sur des marchés émergents, comme la mobilité électrique. Face à cet enjeu particulier, Legrand souhaite se donner les moyens afin de fournir les éléments clés au bon fonctionnement d’un nouvel écosystème de mobilité, logistique et approvisionnement. Aujourd’hui, seulement 50 000 points de charge sont disponibles en France. L’ambition du gouvernement français est de doubler ce nombre d’ici 2022, et de le multiplier par dix d’ici 2028.

Il s’agit donc pour l’entreprise de saisir cette opportunité, en particulier avec 3 typologies de produits :
  • Les points de charge
  • Les infrastructures électriques liées aux points de charge
  • Les infrastructures de gestion de consommation

Ainsi, c’est par une proactivité innovante que Legrand pourra relever le défi tout à la fois économique et environnemental des technologies du futur. Les investissements sur les marchés riches en potentiel comme l’immobilier, l’électricité, la digitalisation et la domotique sont un pari dont le risque est mesuré et au service de l’intérêt général.


Par Clément Le Roy, Directeur - Clement.LEROY@wavestone.com,
Zineb Bazgara, Consultante zineb.bazgara@wavestone.com
et Lucille Mestrallet, Consultante lucille.mestrallet@wavestone.com

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